Nanesse

 

 

Nanesse est arrivée au refuge le 20/11/10. Elle avait été achetée au sevrage 14 ans plus tôt pour un enfant et maintenant… elle n'était plus d'aucune utilité ! Elle se trouvait dans un triste état. Pieds fortement en babouche, obèse, elle se déplaçait difficilement. Elle n'avait jamais reçu ni vaccin ni vermifuge. En résumé, elle avait servi mais n'avait jamais rien coûté au niveau entretien. Au niveau comportement, un très gros travail est à faire. Très nerveuse, elle est constamment sur la défensive et n'aime pas le contact (même le simple brossage). Il va donc falloir passer de longs moments avec elle afin qu'elle puisse nous accorder sa confiance et évoluer.

Depuis ce printemps 2012 Nanesse a quelques soucis de santé.
Une échographie du foie a été réalisée. Pas de tumeur apparente à l’écho mais par contre présence de canaux très dilatés. Les images mettent en évidence la présence plus que probable de calculs biliaires.
Au niveau traitement, ce n’est pas évident. Une opération est envisageable mais cela reste quelque chose de très lourd. Son état étant stationnaire (elle montre des signes de douleurs mais elle mange très bien, réclame pour sortir en prairie,…), nous cherchons une alternative pour l’aider sans passer par l’opération.

Un traitement naturel a été mis en place afin de l’aider à les évacuer. Comme notre vétérinaire nous l’avait expliqué, c’est très lent à soigner mais on peut dire que l’on voit à présent les premiers résultats. Elle semble nettement mieux, elle est moins souvent couchée et ne montre plus de signes de grosses douleurs aiguës.

 

début 2013 :

Les problèmes de santé de Nanesse récidivent.  Les symptômes sont moins importants que la première fois mais la prise de sang est à nouveau très mauvaise au niveau du foie.  Son traitement a donc été repris.  Le vétérinaire qui l’avait suivie à l’époque étant parti s’installer dans le sud de la France, c’est notre nouvelle vétérinaire qui a pris les choses en main.  Après analyse de la situation, il est donc plus que probable que l’obésité importante dont souffrait Nanesse à son arrivée au refuge soit à la base des problèmes de santé actuels.  Tout d’abord, les ânes sont en effet très sensibles à l’hyperlipémie qui, si on ne prend pas certaines précautions, leur est souvent fatale.  C’est la raison pour laquelle il faut toujours faire maigrir un âne de manière très lente et ne jamais le mettre à la diète d’un coup, même en cas de fourbure car il y a alors un gros risque de déclenchement de l’hyperlipémie.  Alors que Nanesse a été mise au régime de manière très progressive et a mis un an pour perdre du poids, les conséquences sont quand même là.  Je ne répéterai jamais assez aux propriétaires d’ânes de surveiller l’alimentation de leurs ânes afin d’éviter qu’ils ne deviennent obèses car c’est le début de gros ennuis (voir article « questions souvent posées).

 

Nanesse nous a quittés le dimanche 28 juillet.  Elle souffrait depuis un an et demi d’insuffisance hépatique chronique d’origine inconnue.
Comme expliqué dans sa fiche, son état de santé s’était à nouveau dégradé (signes de douleur, prise de sang très mauvaise) et son traitement avait été repris.  Son appétit demeurait par contre toujours très bon.
Mais, durant la deuxième quinzaine du mois de juillet, elle a commencé à perdre l’appétit.  Elle a d’ailleurs rapidement perdu du poids malgré les compléments administrés.  Régime de faveur oblige, elle passait plusieurs heures par jour dans le jardin.  L’herbe y était en fait plus abondante que dans la prairie.  De plus, son comportement avait radicalement changé.  Elle cherchait le contact et les caresses.  Elle qui avait toujours été si distante et qui refusait d’être brossée.  Il faut dire que les contacts qu’elle avait avec les humains avant son arrivée au refuge étaient plus que négatifs.
Notre vétérinaire a alors fait appel à une spécialiste en médecine interne ambulatoire.  Cette dernière, très bien équipée, peut réaliser un bon nombre d’examens sur le terrain (échographie mais aussi biopsie, endoscopie,…), examens qui d’habitude exigent un transfert de l’animal en clinique.  Or, une hospitalisation génère énormément de stress pour l’âne, ce qui n’améliore en rien son état que du contraire.  Je préférais la laisser parmi ses congénères dans un environnement sécurisant pour elle.
Une échographie du foie a à nouveau été réalisée.  Elle s’est révélée catastrophique et la biopsie, bien que prévue au départ, n’a même pas été faite vu le pronostic très sombre.  La vétérinaire a proposé un traitement de « choc » (antibiotique à fortes doses et cortisone).  C’est à ce moment-là que l’on se retrouve complètement impuissant.  D’un côté, mon ressenti m’indiquait qu’elle était au « bout du rouleau », en souffrance et que ce type de traitement s’apparentait à de l’acharnement thérapeutique.  D’un autre côté, on n’ose pas laisser passer une chance si minime soit-elle.  C’est certain que l’on voit toujours plus clair avec le recul que lorsqu’on est face à la situation et qu’il faut prendre une décision.
Le traitement a été mis en place et son état est resté stable pendant deux jours.  Le dimanche 28 juillet, elle a refusé pour la première fois de sortir de son box et n’a pas mangé.  Les premiers signes d’atteinte du système nerveux central ne se sont pas fait attendre et sont apparus en fin de matinée. 
J’ai donc pris la décision d’appeler notre vétérinaire afin de l’aider à partir.  Humainement, il fallait lui éviter d’autres souffrances, c’est la seule chose que l’on pouvait encore faire pour elle.  Même si ce sont toujours des moments très pénibles à vivre, elle a pu partir entourée des siens et dans son environnement habituel.
Je n’oublierai jamais les derniers jours passés à ses côtés durant lesquels elle me suivait partout, cherchant les caresses et le contact physique.  A de nombreuses reprises, elle a par son comportement clairement exprimé sa reconnaissance et a bien fait comprendre que pour elle, c’était la fin.
Notre refuge lui aura au moins permis de vivre tranquille pendant près de trois ans car le reste de sa vie a été bien triste.  La maladie a malheureusement mis fin bien trop tôt à cette paix retrouvée.
Nanesse a été emmenée à la faculté vétérinaire de Gand (Liège étant en congé) pour autopsie.  L’autopsie n’a pas pu révéler la cause de l’atteinte hépatique chronique.  Elle a par contre montré, en plus,  un problème cardiaque.  Les résultats des analyses concernant les éventuelles plantes toxiques étaient tous négatifs.  L’obésité importante dont elle souffrait à son arrivée au refuge et les conséquences sous-jacentes pourraient être une cause possible…
                                                                                                                                     Muriel

Pour Nanesse, tout simplement…

Pour les pensionnaires de l’Oasis, le passé vécu est malheureusement trop souvent synonyme d’ »imparfait » ! Heureusement, la vie offerte au refuge leur fait découvrir un présent bien plus agréable et, parfois même, ils peuvent envisager un nouveau futur dans une famille d’adoption.
Cependant, il arrive parfois pour certains de nos amis et malgré toute l’attention quotidienne de Muriel que leur situation empire et aboutisse à une issue fatale, comme pour Nanesse…
Nanesse, je ne l’ai pas connue lors de son accueil au refuge. Muriel m’a expliqué qu’elle était obèse, les pieds en babouche et laissée sans soins. Quand j’ai commencé mon travail de bénévole, elle avait déjà bien maigri. M’occuper d’elle consistait simplement à glisser le petit bol bleu garni de grains sous la barrière. Je tentais bien quelquefois de la brosser, mais elle refusait le contact. Alors, lorsqu’elle et ses amis étaient lâchés en prairie, je profitais du rituel qu’elle avait instauré pour glisser subrepticement ma main dans son pelage. En effet, dès que la barrière de son box était ouverte, elle prenait un grand plaisir à frotter longuement, de bas en haut, son encolure sur le montant du box ; et puis, seulement, elle daignait rejoindre ses copains.
Voici quelques mois, elle a commencé à rencontrer de sérieux soucis de santé. Plusieurs pistes ont été explorées : les lombaires, les ovaires, pour, finalement, conclure à de graves problèmes hépatiques. Muriel a mis tout en place pour tenter de la guérir. Visites régulières de la vétérinaire avec prises de sang et échographie, de l’ostéopathe ; traitement à base d’huile d’olive bio. Deux cuillères à soupe dans le bol bleu qu’un des derniers chatons recueillis à l’Oasis adorait lécher. Marie l’avait d’ailleurs surnommée « Olivette ». Olivette, sa vie s’est arrêtée brutalement au bord du chemin : elle a eu le malheur de croiser la route d’un « chauffard » ! Nanesse, c’est la maladie qui a été la plus forte.
Les jours qui ont précédé son grand départ vers le Paradis des ânes, elle continuait étonnamment à se rouler dans la poussière. Le jour du gros orage, elle a même souhaité aller dans sa prairie, sous la pluie ! Comme si elle voulait encore une fois jouir des plaisirs qui rythment la vie des ânes. Et surtout, elle ne fuyait plus le contact avec les humains. Il avait fallu tout ce temps et sa souffrance présente pour qu’elle reprenne confiance. Peut-être aussi, venait-elle chercher un peu de réconfort et de force pour affronter le grand voyage…
Petite Nanesse, je n’ai jamais réussi en deux ans et demi de bénévolat à l’Oasis à te brosser. Pourtant, je voudrais te dire merci pour le cadeau que tu m’as offert. Samedi, la veille du jour où ton chemin s’est arrêté, tu m’as laissé te caresser longuement et j’ai pu ainsi te dire au revoir. Je sentais au fond de moi que c’était la dernière fois que je te voyais…
Pour la première fois, je suis triste en écrivant pour la revue, mais je sais que tu es partie directement vers le Paradis des longues oreilles, emportée dans la bulle d’amour dont Muriel, sa famille et les bénévoles t’ont entourée.
Biz’âne la main sur le cœur, Petite Anesse.

Catherine